Chachapoyas et les secrets de la forêt de nuages

Au nord du Pérou, là où les Andes laissent peu à peu la place à l’immense forêt amazonienne, il existe une région où se cache une forteresse de pierre nimbée de nuages, des cités enfouies sous une épaisse végétation, des lagunes gardées par des momies, des sarcophages perchés à flanc de falaise et bien d’autres mystères. Ce décor digne d’une aventure d’Indiana Jones s’étend tout autour de la belle ville coloniale de Chachapoyas. Cette dernière doit son nom aux anciens habitants de la région que l’on nommait « les guerriers des nuages ».

Après un passage éclair en Équateur, de nombreuses heures de bus et quelques frayeurs sur la route, nous y arrivons un soir. Le lendemain nous découvrons rapidement le centre de la ville, ses beaux murs blancs aux balcons couleur chocolat. Et à notre très grande surprise et par le plus grand des hasards nous tombons nez à nez avec Timothée et Mathilde, le frère et la belle-sœur de Luc également en voyage en Amérique du Sud. On se raconte nos aventures respectives et le rendez-vous est pris le lendemain pour une petite randonnée dans la région. Ce sera le trek de Gran Villaya.

 

Nous partons donc tous les quatre pour le petit village de Colcamar. Les deux premiers jours nous suivons un chemin boueux qui longe prairies et forêt de nuages. Nous passons la nuit près de la vallée de Belén où une rivière argentée serpente dans une plaine d’un vert intense. Nous découvrons des ruines de la civilisation Chachapoyas recouvertes d’une végétation luxuriante.

Le climat est difficile. Quand il y a du soleil, ça tape dure, les nuages refroidissent l’air, le vent froid se lève rapidement et les pluies sont quasi quotidiennes. Dur de ne pas tomber malade !

 

Après une petite halte dans le village de Congon nous partons pour le col de Yumal. 1500 mètres de dénivelés positif, des averses rafraîchissantes, nous arrivons de nuit au col, épuisés et affamés. Après une soupe revigorante nous repartons pour deux heures et demie de descente à la lueur de nos lampes de poches, en direction du village de Choctamal pour y dormir au sec. Arrivés un peu tard, nous nous contentons d’un toit de grange.

Le lendemain c’est en camion que nous descendons au fond de la vallée pour prendre un combi, direction le petit village de Leymebamba. L’agitation règne. Les élections régionales donnent lieu à de nombreux concerts et meetings « micro-phoné » et un spéléologue espagnol coincé dans une grotte à quelques kilomètres de là, s’ajoute à l’ambiance générale. Coincé depuis une dizaine de jours à 400 mètres de profondeur, il sera secouru le jour de notre départ !

Nous partons, toujours tous les quatre, visiter le site de la Congona. Après trois heures de marche et une longue montée, nous atteignons les restes d’un petit village perché sur une crête. Nous y découvrons les fameuses maisons circulaires et décorés de motifs géométriques, typiques des Chachapoyas. En redescendant par les étroits raccourcis, nous sommes talonnés par une « mamita » hilare de nous voir tant peiner et finir sur les fesses.

Pendant que Timothée et Mathilde reparte de leur côté, nous regagnons Chachapoyas. Au programme, la visite de la forteresse de Kuélap. Un combi nous amène en direction de la citadelle qui culmine à 3100 m.

 

Nous passons la nuit à quelques mètres des ruines, à l’hôtel de José qui s’occupe des lieux. La terrasse de sa maison offre une vue incroyable sur les profondes vallées et les hautes montagnes alentours.

Après une bonne nuit de sommeil nous entrons dans la citadelle. Nous sommes seuls à déambuler dans les ruines noyés par les nuages, un vrai luxe !

 

Construite par les Chachapoyas, Kuélap est une forteresse ovale de 700 mètres de long et entouré d’un mur de 20 mètres de hauteur. L’accès se faisait par trois longues portes étroites. A l’intérieur nous découvrons les vestiges de plus de 400 habitations circulaires dont certaines sont décorées de frises en losanges et en zigzag.

En général ces maisons s’élevaient sur deux niveaux et étaient recouvertes d’un haut toit conique en chaume pour faciliter l’écoulement des pluies fréquentes. A son apogée le site accueillait 3500 habitants répartis sur cette immense plate-forme. Deux édifices religieux ainsi qu’une tour offrant une vue à 360° viennent compléter ce fabuleux décors. Entourées de nuages, les ruines sont recouvertes d’une épaisse végétation et d’arbres couverts de broméliacées et d’orchidées.

Vue d’artiste de Kuélap.

 

Nous quittons Kuélap vers 12h alors que les tours touristiques commence à envahir les lieux. Puis c’est la longue descente jusqu’au fond de la vallée. Et après 1200 mètres de dénivelés négatifs et quelques 9 km nous regagnons Chachapoyas d’un coup de combi.

 

Sans perdre de temps, nous filons sur un autre site, Karajia. Sur le flanc d’une montagne dénudée, six sarcophages Chachapoyas semblent veiller sur la petite vallée en contre-bas. Chacun de ces cercueils fait d’un mélange d’argile et de paille, représentent des individus stylisées. Sans doute des personnes importantes, chefs, guerriers et chamans.

Pour conclure notre séjour à Chachapoyas nous voilà en route pour la cascade de Gocta. Du haut de ses 771 mètres, elle serait la troisième plus haute chute d’eau du monde. Après deux bonnes heures de marche à travers une superbe forêt tropicale, nous nous retrouvons à ses pieds. Le paysage est grandiose et nous nous sentons bien petits face à cette géante.

Voilà pour nos aventures dans la superbe région de Chachapoyas. On vous donne rendez-vous très bientôt en Amazonie pour de nouvelles découvertes.

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